Le livre de l’Apocalypse n’est pas un chef d’œuvre de la littérature ésotérique, il n’est pas la référence du roman fantastique ni le livre culte d’une génération.
Sa lecture peut solliciter notre imaginaire, sa compréhension pour partie doit se faire avec humilité face à l’extraordinaire fresque que sa lecture nous dévoile. Alors que les Evangiles nous décrivent le récit des passages terrestres de Jésus-Christ , alors que les apôtres nous transmettent à travers les épitres les bases doctrinales utiles à l’approfondissement de notre foi et à sa mise en pratique au quotidien, l’Apocalypse nous place devant un récit dont la portée nous échappe et dont le langage teinté de symbolisme nous interroge, c’est sans conteste le livre le plus difficile de la Bible.
Sous la conduite et l’éclairage du Saint-Esprit, nous aborderons ces textes non pas seulement pour améliorer nos connaissances mais afin qu’ils contribuent à notre édification et à notre croissance spirituelle. Notre étude et notre méditation de ce livre doivent se garder de forcer les textes dans leur explication et à nous rendre prudent dans les affirmations (du moins pour les éléments n’apparaissant pas explicitement dans le récit). Nous avons droit sans être hérétique de ne pas partager certaines interprétations et accepter d’évoluer dans notre interprétation. Grandir, ce n’est pas se renier.
Mais examinez toutes choses; retenez ce qui est bon;
1 Thessaloniciens 5:21 (Lettre de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens)
Dès le début du livre, le sujet est annoncé : révélation de Jésus-Christ que Dieu lui a donné. Dieu est donc l’origine de cette révélation, la part de l’homme (celle de Jean) consiste à recevoir cette révélation et la transmettre, il en est le dépositaire mais aussi sur l’injonction de Dieu, il est aussi celui qui cachera certains aspects de la Révélation de Dieu.
Et quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, j’allais écrire; et j’entendis du ciel une voix qui disait: Scelle ce qu’ont dit les sept tonnerres, et ne l’écris pas.
Apocalypse 10:4
Il serait donc réducteur de penser que Jean n’est qu’un scribe, qu’un écrivain attentionné. En le choisissant, Dieu le prend comme confident. En cette fin du 1er siècle, Jean est à Patmos (ile grecque), il est en exil à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Il partage les tribulations mais aussi l’espérance des autres frères, ses collègues apôtres ont quitté cette terre et la relation entre les chrétiens et l’empereur Domitien tourne au conflit.
2 loyautés s’opposent :
- Rendre un culte sans condition à l’empereur devenu divinité
- Rester attaché au Dieu Trinitaire
Francis Schaeffer (philosophe chrétien) : « ils n’ont pas été tué parce qu’ils aimaient Jésus , personne à cet époque ne se souciait de qui adorait qui aussi longtemps que l’adorateur ne mettait pas en cause l’unité de l’Etat. Aujourd’hui dans notre démocratie laïque, on parlerait d’atteinte à l’ordre public.
La raison pour laquelle les chrétiens furent tués est qu’ils étaient rebelles, Jésus était leur Dieu, leur seul Dieu infini et personnel. Les César ne pouvaient tolérer cette adoration unique du seul Dieu. C’est une trahison pour eux ! C’est un conflit politique du point de vue romain, et religieux du point de vue chrétien. Jean se présente sur cette lettre en tant que frère. Il ne se présente pas comme ancien dans les deuxièmes et troisièmes lettres qu’il écrit , ni le disciple que Jésus aimait. Ce qu’il reçoit dans la révélation le dépasse, il est donc saisi par l’Esprit qu’il pourra entamer la tâche qu’on lui a assigné. Nous cherchons à comprendre les scènes étranges et grandioses qui sont décrites. Il y a des détails qui peuvent être source d’inspiration et d’édification pouvant contribuer à notre ressourcement pouvant contribuer à notre vie personnelle et communautaire.
La méditation tourne sur les versets 9 à 12 du chapitre 1 :
Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, comme le son d’une trompette, qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée. Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m’être retourné, je vis sept chandeliers d’or, et, au milieu des sept chandeliers, quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, vêtu d’une longue robe, et ayant une ceinture d’or sur la poitrine.
Apocalypse 1:9-13
- Verset 10 : Jean est saisi par l’Esprit.
Non pas qu’il ait besoin d’une dimension spirituelle supplémentaire dans sa vie chrétienne, ni que sa foi était devenu tiède mais face à la situation à laquelle il va être confronter, sans une confirmation claire que c’est Dieu qui est à l’œuvre, pour Jean, aucune possibilité d’aller plus loin. Ce qu’il va suivre émane d’une autorité divine qui confond toute sagesse et ébranle tout raisonnement humain. Aujourd’hui, nous avons le privilège de connaître la suite, nous mesurons la nécessité de cet intervention divine pour ne pas confondre notre propre imaginaire et celui de Jean et l’incroyable révélation qui va lui être donnée de transcrire. Nous ne serons jamais appelés à recevoir une telle révélation, peu ont eu ce privilège d’en être les témoins, mais nous sommes face au besoin du renouvellement spirituel permanent pour nous permettre d’accomplir la mission que Dieu nous a confié. Nous pouvons construire des stratégies pour l’Eglise, évangéliser ou former les disciples, initier des projets, multiplier les rencontres fraternelles et les cellules de prière tout en développant une vision : si le Saint-Esprit n’est pas dans notre vie personnelle et dans notre action communautaire. Il y aura donc une insatisfaction permanente et un leurre de notre Eglise, comme celle de Sardes : « je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort. »
Sardes existe, mais ne vit pas … et l’église de Jésus-Christ dans la communauté locale peut exister mais ne pas vivre car l’Esprit n’y est plus.
Notre fidélité dans l’accomplissement du ministère ou dans notre marche quotidienne chrétienne dépend de notre sensibilité à l’action du Saint-Esprit, dépend de notre attention à celui qui nous interpelle, dépend de notre obéissance aux exigences que le Seigneur nous adresse. Cela peut nous paraître accablant ou trop lourd à porter mais c’est la seule voie qui nous soit offerte pour accomplir sa volonté, pour entrer dans son plan, faire les bonnes œuvres qu’il a d’avance préparées pour nous.C’est à cette fin, qu’il nous a envoyé le Saint-Esprit pour qu’il réside en nous et qu’il nous conduise, qu’il nous console quand c’est nécessaire, pour qu’il nous assiste en tout temps, pour qu’il nous transforme en tout temps, pour qu’il nous fortifie, nous sanctifie et nous permette de le servir selon les dons qu’il a donné à chacun.
Mais où est notre part? Quelle est notre contribution? Réponse : RIEN
A contrario, nous ne sommes pas rien aux yeux du Seigneur, nous sommes ses créatures, nous sommes l’objet d’un amour infini, d’une tendresse sans limite, d’une attention. Laissons-le nous saisir, laissons l’Esprit nous saisir.
- Verset 10 : il entend derrière lui une voix forte.
Jean était d’un âge avancé, son ouïe pouvait être défaillante, mais le volume entendu était celui d’une trompette. Il semblerait qu’il y ait un avant-goût de la puissance de la Révélation qu’il va être amené à découvrir : Majesté, Puissance, Souveraineté vont apparaître de manière permanente tout au long de la vision accordée. Est-ce que Dieu pour se faire entendre doit parfois hausser le ton? Notre génération ignore le silence et vit en permanence dans un environnement sonore préjudiciable à une écoute sérieuse, attentive et soutenue. Nos amplis et nos sonos couvrent trop souvent les paroles des cantiques nous invitant à élever notre cœur vers Dieu, des voix concurrençant notre Seigneur et perturber notre attention et rendant inaudible le message que Dieu veut nous adresser. Notre oreille parfois sélective nous invite à évacuer ce qui ne correspond pas à nos aspirations et attentes, nous préférons faire la sourde oreille et laisser notre attention nous polariser sur des propositions plus alléchantes en adéquation avec notre besoin de ressenti. Le siècle du raisonnement et de la réflexion a disparu, nous sommes désormais dans l’ordre du ressenti et du bien être.
Si la voix de Dieu se fait plus forte, plus insistante, considérons le comme une grâce et soyons reconnaissants, car Dieu nous parle : il n’en a pas fini avec nous, il veut attirer notre attention et nous détourner du superficiel pour considérer l’essentiel.
- Verset 12-13 : nous assistons à une scène déconcertante.
2 choses qui interpellent :
Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m’être retourné, je vis sept chandeliers d’or, et, au milieu des sept chandeliers, quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, vêtu d’une longue robe, et ayant une ceinture d’or sur la poitrine.
1ère remarque : Jean ne reconnaît pas la voix qui s’adresse à lui. Or, nous comprenons que cette voix est celle du Seigneur lui-même. Comment se fait-il que le disciple que Jésus aimait (celui qui avait Jésus au pied de la Croix) n’ait pas pu reconnaître la voix du Christ?
Jean jusqu’à ce jour n’avait connu que 2 facettes de son Seigneur :
– Celle du maître marchant à ses côtés pendant 3 ans sur les sentiers de Palestine
– Celle du ressuscité apparu pendant 40 jours
Jean ne connaît pas l’aspect du Seigneur dans sa gloire : le souvenir qu’il gardait de son Seigneur est un souvenir humain. Désormais, Christ qui s’adresse à Jean est au ciel , il siège à la droite de Dieu et la vision que nous avons du quotidien est imparfaite, tellement loin de la réalité que nous sommes placés devant le même constat que Jean. Se pourrait-il que Dieu nous parle non pas physiquement, mais par l’intermédiaire de sa Parole et que nous ne le reconnaissons pas ou pire, qu’il nous parle et que nous l’ignorions. Nous avons par les apôtres le privilège de la transmission écrite nous présentant différents aspects de notre Seigneur : est ce suffisant?
Jésus-Christ est Sauveur… mais Seigneur. Souvent, nous nous arrêtons au Sauveur : car il fait tellement de bien, c’est lui qui a pardonné nos péchés , c’est lui qui plaide auprès du Père, qui nous a réconciliés. Mais il est aussi Seigneur : c’est lui qui nous demande d’obéir et d’abandonner certaines choses qui nous tiennent à cœur, il veut que nous marchions à sa suite sachant que à son exemple, c’est l’opprobre, la haine et parfois même la persécution et la mort qui nous attend. C’est aussi ça les différentes facettes de notre Seigneur.
Et encore, il y a la découverte théorique, il y a aussi la découverte par l’expérience pratique. Comme Jean, nous n’avons aucune idée de ce qu’il est dans Sa Gloire.
2ème remarque : celui qui s’adresse à Jean est derrière lui, Jean est amené à se retourner. Jean est mal orienté par rapport à son interlocuteur. Pour le visualiser, Jean doit faire un demi-tour : seul condition pour qu’il puisse le voir. Pourquoi Jésus a-t-il choisi cette position? Nous le savons. Est-ce pour lui laisser le temps court mais utile pour se préparer à découvrir ce qu’il allait lui dévoiler? Mais c’est intentionnel.
Sommes nous toujours bien orientés quand Dieu vient à nous, quand Dieu nous parle? Restons nous dans nos habitudes, dans notre connu sécurisant attaché à nos certitudes et déterminer à ne pas changer ce que nous avons jusqu’ici considéré comme une règle…. Biblique. Et Dieu bouscule, et nous dit qu’on est mal orienté. Dieu ne conteste pas ta théologie, ta manière, mais ce n’est pas dans le sens que tu te diriges que tu pourras voir Dieu. L’homme a besoin de se retourner. Dieu parle tantôt d’une manière : exemple d’Elie via le murmure….et cela nous pousse à changer de position ou d’orientation pour voir une autre façon d’aborder le Seigneur. L’aventure chrétienne est une vie, et notre découverte de Dieu ne peut demeurer figer.
3ème remarque : la vision est impressionnante, le sentiment qui en dégage est fait de majesté, de puissance, de pureté, d’éclat… ce qui rend insoutenable pour le commun des mortels. Jean ne peut y résister, au verset 17, il tombe à ses pieds comme morts.
Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant: Ne crains point!
Apocalypse 1:17
Si nous nous mettons parfois à genoux pour prier … dans quel esprit le faisons nous? Jean tombe à genoux comme mort. Nous n’arrivons pas à imaginer la distance entre l’homme même régénéré et sanctifié avec la nature divine de Christ. Observons l’ordre dans lequel Jean va découvrir la vision :
– 7 chandeliers apparaissent
– Le Fils de l’homme apparaît : je suis le Premier et le Dernier et le Vivant : j’étais mort et voici je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et le séjour des morts. C’est le maître non plus humain mais dans Sa Gloire. Jean a pourtant connu des visions du Christ : transfiguration, Christ ressuscité, enlèvement lors de l’ascension mais jamais le Christ glorifié, jamais il avait eu une telle vision.
– Arrêtons nous sur la scène : Jean voit d’abord les chandeliers qui représentent les 7 églises. Avant de voir Dieu, il semble que les hommes avant de voir Dieu, voient les Eglises. Ainsi notre témoignage en tant que peuple de Dieu constitue un repère, la lumière qu’il dégage n’est pas destiné à éclairer le chandelier (« regarder comme je suis beau ») mais celui qui est au centre. Les chandeliers sont importants mais ne sont pas l’objet principal de la vision : ils sont là pour éclairer la vision, et permet de découvrir ce qui est au cœur : Dieu veut que l’Eglise soit un témoignage de son infinie et variée sagesse mais pour les hommes éloignés de lui. Si le chandelier n’est pas à la bonne place, s’il est éteint, il ne remplit donc pas son rôle et constitue un handicap pour ceux qui le cherchent en ne contribuant pas à la mission qui est la sienne, c’est-à-dire Sel et Lumière. Ce chandelier peut être amené à disparaître ! Quel avertissement pour nos églises locales !
-Révisons l’image que nous nous en faisons : ce n’est pas un Christ copain, Christ n’est pas un homme de la même nature que nous. Même s’il a été parfaitement homme, et qu’il nous appelle frères (Hébreux 2:11), il en demeure pas moins Dieu dans sa puissance, sa majesté, sa pureté et son autorité. Avec respect, nous devons nous apprécier de lui. Pourtant Jésus nous a appelé amis , mais il est avant tout notre Dieu, notre Créateur, notre Sauveur et notre Seigneur. Nous pouvons nous approcher près de lui sans crainte, avec confiance, car il nous aime d’un amour infini et éternel. Comme Jean, c’est à ses pieds qu’il convient de nous tenir afin que sa main se pose sur nous. Au verset 17, Jean tomba à ses pieds comme mort. Christ posa sur Jean sa main droite, cette main et cette voix qui nous rassure. Christ dit : ne crains point ! Comme nous aimons écouter cette parole dans notre angoisse quotidienne , dans nos décisions à prendre qui sont parfois fondamentales, avec cette voix douce et bienveillante ! (ne crains point) Cela nous permettra d’accomplir la mission qu’il va nous confier.
Conclusion :
Il est bon parfois de prendre ces textes, de les écouter, de les reprendre pendant la semaine. Repensons et méditons qui Dieu est. Parfois, notre attention est focalisée sur les passages énigmatiques qui feraient (si nous les découvrons) quelqu’un de plus intelligent, de plus éclairés bibliquement. Mais ce n’est pas ce que Dieu demande : Dieu nous demande d’être fidèles pour marcher avec Lui. Découvrir l’ensemble de cette révélation qu’est l’Apocalypse, c’est rentrer dans une béatitude.
Car le temps est proche, puissions nous considérer ces paroles dans un temps où Dieu veut nous utiliser, chacun a sa part dans le champ qui lui est imparti.
Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites! Car le temps est proche.
Apocalypse 1:3